Le Destin et les dieux

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A la douleur de la mort de son ami s'ajoute pour Achille la certitude de son propre sort. Une ancienne prédiction veut qu'il soit tué sitôt qu'il aura pris la vie d'Hector. Cela, Achille le sait depuis toujours. A la différence d'autres héros morts au combat, il connaît par avance son destin et l'a choisi. Il ne le subit pas comme une fatalité, il l'affronte. Tout jeune, le choix lui a été offert entre une vie longue et paisible loin des combats et une vie intense, coupée net dans l'éclat de la bataille. Et c'est celle-là qu'il a voulue, léguant aux hommes de l'avenir un modèle de grandeur tragique. Libre d'illusions, il sait qu'il n'aura pas d'autre vie : "La vie d'un homme, dit-il au chant IX, ne se retrouve pas; jamais plus elle ne se laisse enlever ni saisir, du jour où elle est sortie de l'enclos de ses dents..." C'est une pensée qui nous parle.



En comparaison des textes sacrés d'autres peuples et d'autres cultures qui ont tous leur beauté, la liberté et la souveraineté des héros d'Homère est unique. Certes, les dieux interviennent dans l'Iliade, à temps et contretemps, mais sans vraiment peser sur l'autonomie des hommes. Leurs nombreuses interventions ne font que précipiter ce qui se serait de toute façon accompli. Et l'on sent bien qu'Homère ne les prend pas tout à fait au sérieux (hormis peut-être Athéna), ce qui scandalisera Platon, esprit guindé et moralisateur. En réalité, les dieux d'Homère sont des allégories des forces de la nature et de la vie.

Dominique Venner, La Nouvelle Revue d'Histoire, juillet-août 2009, "Homère : les poèmes fondateurs", dossier : Les Racines de l'Europe.


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E
J'ai vu justement la couv de ce numéro dans "du haut des cimes" je compte aller me l'acheter.
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