Lif, la Vie
« Réfugiés dans la forêt Hodmimir, des hommes avaient réussi à survivre au cataclysme du Ragnarok.
Lif, la Vie, et son mari Lifthrasir sont prêts à recommencer une nouvelle aventure. Cachés au plus secret des bois, ils ont gardé le culte des anciens jours et les usages des fidèles d'Odin.
Sauvés de la catastrophe en trouvant refuge au sein de la Nature, où souffle toujours l'esprit des dieux disparus au combat, Lif et Lifthrasir se sont nourris et abreuvés de la rosée matinale.
Tout comme leurs lointains ancêtres, Ask et Embla, qui tiraient, comme eux, leur essence des arbres, ils sont des enfants de la forêt.
Ils vont recommencer à vivre. C'est-à-dire à travailler, à se battre et à engendrer. Ils vont donner naissance à une race si nombreuse que leurs descendants se mettront bientôt en route, pour entreprendre la Longue Marche des peuples venus du Nord, qui les mènera des solitudes glaciales aux collines ensoleillées. Ils se répandront par toute la terre et rendront hommage et justice à l'esprit des anciens dieux.
[...]
L'histoire des dieux maudits se termine sur un mystère. Le plus énigmatique d'entre eux reste sans aucun doute Heimdal le dieu protecteur qui s'est entre-tué, lors du Ragnarok avec le dieu destructeur Loki. L'Ase Blanc a péri avec un monde qui devait périr ; il ne monte plus la garde sur le pont Bifrost à l'entrée d'Asgard. Mais il est un autre monde qui renaît et va exiger un nouveau dieu pour remplacer les disparus de la plaine de Vigrid.
Ainsi parle un chant du vieux Nord, qui rend hommage à Heimdal
et annonce la venue de celui qui sera sans doute son successeur :
Alors survient un autre être
Plus puissant encore,
Mais je n'ose
M'aventurer à le nommer :
Peu voient
Au-delà des temps
Où Odin
Combattra le loup. »
Jean Mabire, Légendes de la Mythologie Nordique, Editions L'ancre de marine, 2010.